Le philosophe : un amoureux de la sagesse

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le banquet

Texte :

« Diotime - « Aucun des dieux ne philosophe et ne désire devenir savant, car il l'est et, en général, si l’on est savant, on ne philosophe pas; les ignorants non plus ne philosophent pas et ne désirent pas devenir savant; car l'ignorance a précisément ceci de fâcheux que, n'ayant ni beauté, ni bonté, ni science, on s'en croit suffisamment pourvu. Or, quand on ne croit pas manquer d'une chose, on ne la désire pas. »

​Je demandai : « Quels sont donc, Diotime, ceux qui philosophent, si ce ne sont ni les savants ni les ignorants ? » ​

Diotime - « Un enfant même, répondit-elle, comprendrait tout de suite que ce sont ceux qui sont entre les deux, et l'Amour est de ceux-là. » »

Platon, Le Banquet

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Ce texte est tiré du Banquet de Platon. Le Banquet est un dialogue de Platon dans lequel différents personnages discutent de la nature de l’amour (Eros en grec). Dans cet extrait, Socrate partage ce qu'une prêtresse du nom de Diotime lui avait expliqué sur la nature de l’amour et le comment il se reliait à la philosophie.

La préoccupation essentielle à laquelle cet extrait tente de prendre en charge est la suivante :

1) Qui philosophe ?

2) Pourquoi ni le savant ni l'ignorant ne philosophent ?

3) En quoi l'amoureux est le seul qui s'adonne à la philosophie ?

Platon, par la voix de Diotime, à travers Socrate, montre que philosopher, ce n’est ni posséder la vérité comme les dieux, ni rester dans l’illusion de la posséder comme les ignorants, mais, c’est être entre les deux, animé par un manque et un désir, c'est-à-dire un amour qui pousse vers la sagesse, sans jamais l’atteindre pleinement.

D'une part, les dieux qui sont des savants absolus ne philosophent pas. Parce qu’ils savent déjà tout. En effet, philosopher, c’est chercher à savoir. Celui qui possède déjà la sagesse n’a plus besoin de la chercher.

D'autre part, les ignorants non plus ne philosophent pas. Parce qu’ils croient déjà tout savoir. En effet, le parfait ’ignorant est convaincu qu’il n’a besoin de rien. Comme il pense être complet, accompli et suffisant, il ne désire pas la connaissance et ne la cherche pas.

Ainsi, ceux qui philosophent sont ceux qui sont entre le savoir et l'ignorance : ni complètement savants ni totalement savants, mais conscients de leur manque et désireux de combler ce manque. Philosopher, c’est donc avoir l’amour de la sagesse et non posséder la sagesse elle-même.

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Par essence, l’Amour (Eros) n’est pas un dieu parfait et complet qui possède la science infuse, mais il n’est pas non plus un simple mortel ignorant et inconscient de ses manques et ses limites. L’amour est par nature cette prise de conscience du manque, ce mouvement, ce désir qui pousse vers la beauté, le bien et la connaissance qui pourrait combler le vide de science ressenti. Le philosophe n’est pas un sage, mais un être en quête de sagesse.

Ce texte de Platon nous apprend que le danger véritable, la véritable obscurité ce n’est pas de ne pas savoir, mais c’est de croire qu’on sait déjà. Philosopher, c’est accepter son incomplétude, ses insuffisances ; reconnaître qu’on a besoin d’apprendre de savoir, et se laisser guider par ce désir de progression et de perfection.

Ainsi, on comprend pourquoi le philosophe à autant besoin de raison et de liberté que d’humilité et de modestie.

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