La République entre Démocratie et Autocratie

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Pour un peuple qui veut apprendre de ses erreurs, améliorer ses textes de loi, matérialiser la séparation effective de ses pouvoirs politiques et vivre sa souveraineté, notre situation actuelle est une des meilleures choses qui pouvait nous arriver.

Tout le monde le savait, même des plus optimistes et des plus naïfs, qu’il ne faillait jamais considérer une manœuvre du président comme une prise de conscience, mais toujours comme une stratégie pour reprendre le jeu à son compte. Une chose est sûre, certains se sont réjouis trop vite. Aujourd’hui, son mandat se termine mais nous n’avons pas de date pour élire un nouveau président et il n’est pas dans la dynamique de quitter le poste dans les délais que voulait la constitution.

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Dans les multitudes d'interprétations qui fusent, la constitution, nous dira-t-on, lui permettra de rester, dans la légalité et la légitimité, au poste de président, jusqu’à l’installation d'un nouveau. Mais, cette même constitution lui avait-il permit, légalement et légitiment, d’annuler les élections du 25 février ? C’était déjà dit, tout ce qu'il y a derrière les manœuvres, c'est que le président ne veut pas quitter la présidence sans les garanties qu’il cherche. Pour lui, individuellement et pour le néocolonisateur, il n’y pas encore les garanties. D’ailleurs, les états unis s’impliquent trop pour la tenue des élections et la France est trop silencieuse. Le pays ne risque-t-il pas de tisser des liens plus forts avec les américains et les saoudiens ? Le président et ses familles (naturelle et politique) ne risquent-ils pas d’être poursuivis ? Il faudra vivre pour voir.

A lire entre les lignes, aujourd’hui, le sort de la République dans sa souveraineté n’est pas la raison principale du dialogue de la dernière chance. A qui profite cette chance même ? Certainement pas au peuple qui a vu son droit de voter, et de donc son droit de dire son mot d’appréciation globale de la situation, être annulé brutalement et gratuitement.

On a l’impression que les sénégalais sont des gens incultes et décalés de la réalité et des enjeux du monde actuel. Au lieu de laisser le peuple souverain décider d’avec qui il veut affronter sa vie sociale et sa géologique des 5 prochaines années, on l'infantilise en lui parlant de dangers inconnus et de risques bouleversements imminents, sans jamais lui dire les termes. Pour couronner le tout, on arrache le droit de vote à tout le peuple de peur que ce dernier, mal informé et irresponsable, ne choisisse librement pour son destin.

Aujourd’hui il n’y a pas de date pour les élections, il n’y a pas d’élections. Tout est à l'appréciation du président sortant, tant que le temps passe dans l’impasse, tout est en sa faveur. C’est son temps fort. Il a admis la décision du conseil constitutionnel, libéré des détenus et s'est refait une santé républicaine et diplomatique. Tout ceci, parce que, il veut dialoguer. Il veut trouver les garanties. Mais, pourquoi et pour qui !

Pendant ce temps, il faut dire au peuple immature que l’heure est grave et le président à peur de laisser ce pays sombrer dans le chaos. Wade, quand il devait partir, avait peur de partir, il ne voulait pas. Il a tout fait pour rester et garder le pouvoir. Il nous disait que les autres étaient incapables et indignes de confiance, que certains candidats étaient des "mangeurs d'hommes", que s’il part les gens ne toucheront même plus de salaire à la fin du mois. On ne savait pas tout ce qu’il savait. Lui, l’homme le plus informé du pays.

Aujourd’hui, le président sortant ne veut pas sortir, il ne souhaite pas que le pays sombre dans chaos s'il part. On ne sait pas ce qu’il sait. Il est l’homme le plus informé du pays. L’heure est grave, il a donc le devoir de rester au poste. Il faut dialoguer avec lui. Tout ceci relève des symptômes de la principale maladie de la République du Sénégal qui est l'hyperprésidentialité, cette centralité de l'Autorité politique.

Aujourd'hui l'impasse crée par l'exécutif et les discours qu'elle alimente finissent par convaincre plus d'un sénégalais et d’autres observateurs que le dialogue est la seule issue heureuse de la gravité de l'heure. Mais, encore une fois, à qui profite le dialogue ! Qui veut-on convaincre ! Qui veut-on écarter ! Qui veut-on satisfaire ! Si c'est pour le peuple, il faut peut être intégrer que tout ce qui se fait pour moi, sans moi, est contre moi. Le peuple réclame ses élections pour dire son mot en toute responsabilité.

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